La somme de Simon Durocher-Gosselin
Créateur de lanternes | Interprète | Scénographe pour Rivières de Lumières 2020

Un article de Pascale Rousseau
Cet article fait partie d'une série d'écritures soigneusement choisies et commissionnées dans le cadre de Rivières de Lumières 2020
Membre fondateur de la compagnie LaboKracBoom, artiste de cirque, danseur, metteur en scène, scénographe, massothérapeute, formateur… et patenteux! Simon Durocher-Gosselin collectionne. Il additionne les talents, les passions, les créations, les collaborateurs. Ces jours-ci, période faste, c’est avec un total de 12 projets qu’il jongle au quotidien, dont plusieurs avec ses collaborateurs de longue date au Théâtre des Petites Lanternes.
Point commun de toutes ces sphères : être dans l’action. Dès l’enfance, le besoin de bouger est vif. Sa créativité, aiguisée par les cours de danse et de théâtre que ses parents lui offrent, s’exprime également par le bricolage. À l’adolescence, il confectionne ses vêtements, ramasse de petites choses pour les transformer.
« En cirque, je trouve ça trippant parce que t’es amené à créer ton univers, créer une histoire, créer un personnage. Oui, performer, faire quelque chose d’impressionnant, de touchant ou de poétique. Mais j’aime aussi tout ce qui vient autour, la scénographie. Dans tous les shows que j’ai faits, c’est toujours moi qui ai fait les costumes et les décors. »
Le cirque. Il entre dans sa vie un peu comme une évidence, alliant la danse, le théâtre et la performance physique. Apprivoisé lors d’un voyage de jeunesse, c’est dans un programme de cirque social que le coup de foudre frappe. Tout l’intéresse dans cet art. À l’École nationale de cirque, à Montréal, il opte pour un programme généraliste afin de pouvoir toucher à tout. Collectionneur, encore.
Sa formation lui permettra aussi de partager son art, tant en enseignant qu’en collaborant avec d’autres artistes dans diverses disciplines circassiennes. C’est d’ailleurs dans la collaboration qu’il s’exalte. Pour performer, pour chorégraphier ou pour mettre en scène. Si le processus est plus long, plus difficile, il n’en est que plus riche, les uns poussant les idées des autres. Le résultat est plus grand que la somme des parties.
La collectivité, c’est le fondement même de la compagnie qu’il co-fondera avec trois comparses : LaboKracBoom. « Une compagnie de création artistique plurijambiste, à la frontière du cirque, de la danse et du théâtre physique », dixit leur site web. Née d’un petit spectacle de rue entre amis, ce qu’il qualifie aujourd’hui de « vieux couple » collabore encore 15 ans plus tard, après avoir trainé ses créations entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
La danse, quant à elle, n’est jamais bien loin. Additionnant au reste, Simon collabore avec la compagnie de danse sherbrookoise Sursaut. La pièce À la nuit tombante avec laquelle il a tourné pendant 12 ans lui aura aussi fait voir du paysage, notamment la Chine, deux fois.

C’est avec l’ensemble de ses talents que Simon travaille avec le Théâtre des petites Lanternes depuis près de 10 ans déjà. Que ce soit dans des projets théâtraux avec La Métissée, Mutation ou des collaborations spéciales telles qu’avecMonarques ou des projets spéciaux comme Quatre-Quarts, Simon danse, joue, crée, performe, seul ou avec sa bande de LaboKracBoom. Cette année, il renouvelle sa collaboration à Rivières de Lumières, auquel il participe depuis la première édition. Pour l’occasion, il propose de créer une lanterne à son image : de forme icosaèdre. C’est-à-dire à multiples facettes. Il contribuera également à titre de scénographe. Les 11 artistes participants pourront compter sur lui pour les accompagner, afin que l’idée qu’ils ont en tête se concrétise. Une belle occasion pour lui de découvrir des artistes estriens, d’entrer dans leur univers et de partager leur démarche.
« Les artistes choisis sont matures. Le public est chanceux d’avoir ça à Sherbrooke. Même si je fais partie du milieu artistique, je ne connaissais pas tous les artistes. Là, j’apprends à les connaître pis je suis vraiment surpris de voir comment il y a du monde avec du talent à Sherbrooke! »
Ce n’est pas étonnant qu’un projet tel que Rivières de Lumières l’allume autant. Simon est un homme de grand air, d’espace. Sa scène n’est pas nécessairement entre quatre murs. L’environnement lui tient à cœur et le traitement que l’humain lui fait subir l’inquiète grandement. Dans sa création, il se permet un commentaire écologique. Ses installations pour Rivières de Lumières 2020 en seront d’ailleurs teintées.

« Pendant le confinement, j’ai décidé de me lancer un défi. J’aime bien fabriquer des patentes. Je me suis dit : j’essaie de fabriquer quelque chose avec juste ce que j’ai ici et ce que je trouve dans les poubelles autour de chez moi. J’ai construit un gros poisson marionnette géante qui est faite qu’avec de la récup. Je tenais à le faire avec des trucs qu’on jette, pour les revitaliser. Pour l’événement, il va nager dans une mer de plastique… un clin d’œil au 7e continent. »
Il est aussi le créateur d’une deuxième installation, tenue secrète, qui se veut assez revendicatrice. Les visiteurs risquent d’ailleurs de l’y voir performer.
Tout comme sa lanterne, l’événement permettra au public d’admirer les multiples facettes de l’artiste briller de mille feux.
Rivières de Lumières est un festival de théâtre et lanternes produit par le Théâtre des Petites Lanternes. Cette année, l'édition inédite se déroulera entre le 25 et 27 septembre.